Cher rédacteur en chef,
Il est fait référence à un article paru dans la presse locale le 15 septembre 2024, avec pour légende « pour que la Guyane prospère grâce à son pétrole, les politiciens doivent être remplacés par un spécialiste compétent de la Commission du pétrole – TT ». Je ne sais pas d'où viennent ces « spécialistes », mais le dernier spécialiste déterré est le Trinidadien Kuarlal Rampersad.
Son raisonnement est assez illogique car il pense que les experts sont incorruptibles. Les hommes politiques ne sont pas les seuls à être corrompus, les experts sont peut-être plus corrompus que les hommes politiques.
Ce qui est intéressant, c’est que ce soi-disant spécialiste a l’audace de faire la leçon à la Guyane sur ce qui est bon pour sa prospérité, mais ce qu’il souhaite pour la Guyane est absent de son propre pays. J’ai confirmé que Trinité-et-Tobago (T&T) n’a pas de telle commission pétrolière, un pays qui exerce son activité dans le secteur du pétrole et du gaz depuis plus d’un siècle. Suggère-t-il donc que les politiciens trinidadiens sont corrompus et qu’il n’y a/n’y avait donc pas de prospérité à Trinité-et-Tobago ?
Je pense qu'une commission pétrolière n'est pas nécessaire. Ces mêmes experts devraient être recrutés au sein du ministère et d'autres organismes de réglementation.
L'inconvénient d'une telle commission pétrolière est qu'elle pourrait aller dans la direction opposée à celle que le pays entend suivre dans le cadre de sa politique publique. Dans notre cas, la politique consiste à accélérer la production le plus rapidement possible et à extraire le maximum de ressources le plus rapidement possible, compte tenu du fait que le délai pour le faire est relativement court. Nous vivons à une époque où nous ne pouvons pas nous permettre d'avancer à pas de tortue dans une industrie qui évolue de plus en plus.
En ce qui concerne la corruption, il est important de disposer d’un cadre juridique solide, d’un contrôle parlementaire et d’institutions fortes. Il est donc primordial de renforcer la gouvernance globale et le cadre législatif du secteur. Est-ce que notre pays y parvient ? La réponse est oui.
Il est insensé de penser que les experts ne sont pas corrompus et qu’une Commission pétrolière empêchera comme par magie la corruption. Il n’existe aucune garantie de ce genre.
Il convient également de noter que les institutions existantes, telles que l’Autorité fiscale du Guyana (GRA) et les auditeurs, ont fait un travail remarquable en matière de détection d’irrégularités financières et autres grâce aux audits de recouvrement des coûts. Au moins trois cas dans le secteur font l’objet d’un arbitrage, dont l’un a abouti devant le tribunal local (la facture gonflée d’une entreprise trinidadienne). Ces exemples sont de bons indicateurs du bon fonctionnement des institutions existantes.
Cordialement,
Joël Bhagwandin