Le procureur général et ministre des Affaires juridiques, Anil Nandlall, SC, a organisé samedi une séance de sensibilisation du public sur la justice réparatrice à l’école primaire de Latchmansingh, à Bushlot, sur la côte ouest de Berbice.

La séance de sensibilisation du public fait partie d’une série d’activités dans le cadre du programme d’appui au système de justice pénale (SCJS) financé par la Banque interaméricaine de développement (BID), destiné à vulgariser le concept de justice réparatrice.

Plus tôt cette année, le Parlement a promulgué la Loi sur la justice réparatrice comme mesure visant à surmonter la surpopulation carcérale en réduisant la détention provisoire, en réduisant la récidive et en augmentant le recours aux peines alternatives, entre autres.

Le procureur général était accompagné du directeur de la justice réparatrice, Seelall Persaud; Député de la région cinq (Mahaica – Berbice), Faizal Jaffarally, et directeur du programme SCJS, Indira Anandjit.

Au cours de son allocution, AG Nandlall a déclaré aux centaines de citoyens réunis lors de l’événement que la justice réparatrice est une approche de la justice qui cherche à réparer le préjudice causé au délinquant, en offrant à la victime et à l’auteur l’occasion d’interroger le problème qui a causé le problème et d’y remédier soit par le versement d’une indemnité, soit aux conditions convenues par les parties. Il s’agit aussi d’observer les manifestations de comportements déviants et d’y remédier très tôt, bien avant qu’elles n’engagent le système judiciaire formel.

De manière significative, la justice réparatrice permet au public profane, tel que les dirigeants communautaires, les chefs religieux, les enseignants, etc., de jouer un rôle central à la fois dans le système juridique formel et en dehors du système juridique. Le procureur général a expliqué que dans le système juridique formel, les affaires seront renvoyées soit par le magistrat, soit par le directeur des poursuites publiques, à des agents de justice réparatrice formés situés dans chaque district de la magistrature et ces personnes géreront l’engagement entre l’auteur et la victime.

Dans le système juridique non formel, les enseignants, par exemple, une fois correctement formés, seront capables de détecter les manifestations de problèmes dans le comportement des enfants à l’école. Ils seront amenés à interroger ces situations pour en déterminer les causes profondes. Il peut s’agir d’un environnement abusif à la maison. Une fois le problème détecté, des mesures seront prises pour y remédier à ce stade précoce. Ce simple recours peut empêcher un enfant d’être sujet à des comportements criminels.

Il a noté que le concept est assez nouveau et permettra aux tribunaux de rendre des ordonnances en dehors de la nature pénale conventionnelle des ordonnances qu’il est désormais limité de rendre, et d’explorer toute une série de potentiels et d’opportunités à aborder de manière réelle, pratique et manière pragmatique, les circonstances qui ont pu conduire à un comportement criminel et pour que ce comportement soit réhabilité et qu’une indemnisation soit versée. Il a également précisé que le concept de justice réparatrice n’est pas ouvert à toutes les infractions pénales mais à quelques délits mineurs qui peuvent être traités au niveau communautaire et permettent une intervention directe de réhabilitation. A cet égard, les infractions telles que le meurtre, l’homicide involontaire, le viol, le vol qualifié, les infractions sexuelles, les infractions impliquant des mineurs, et autres infractions violentes sont exemptées de la justice réparatrice.

Le procureur général a souligné que le concept de justice réparatrice permet que la justice soit rendue d’une manière qui favorise la guérison et la responsabilité, tout en réduisant la récidive et en gardant hors de prison les personnes qui n’ont peut-être pas besoin d’y être. Il a souligné que l’approche ne peut fonctionner qu’avec le soutien des membres de la communauté et a sollicité leur aide pour voir le succès du programme. Il a promis aux résidents de la région cinq que ce n’était que le premier de nombreux engagements et que le directeur de la justice réparatrice reviendrait avec un programme de formation pour former des personnes dûment qualifiées qui souhaitent participer au programme.

Des remarques ont également été prononcées par le directeur Persaud, un ancien commissaire de police, qui a expliqué qu’il exécute actuellement un projet pilote impliquant plusieurs communautés sur la côte est du Demerara. Une fois ce projet pilote terminé avec succès, le système sera reproduit dans toutes les régions administratives du pays. Les membres du public ont eu la possibilité de poser des questions et de demander des éclaircissements.

Avec la promulgation de la loi sur la justice réparatrice en novembre 2022, un centre de justice réparatrice a été créé en avril 2023. Il est composé de professionnels formés qui travailleront avec les victimes, les délinquants et leurs communautés pour élaborer des plans individualisés axés sur la réparation des dommages causés par comportement criminel et la prévention de nouvelles infractions. Des enseignants, des leaders communautaires, des Toshaos et des chefs religieux ont déjà bénéficié de cette formation.

L’exercice d’entraînement se poursuivra à travers la Guyane. Un exercice de sensibilisation similaire est prévu dans la région Six (East Berbice – Corentyne) avant la fin du mois d’août.

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