NOUVELLES DE L’ONU— Haïti a besoin d’un soutien « urgent » de la communauté internationale pour mettre fin aux souffrances des personnes aux mains de gangs violents qui tirent sur des personnes au hasard et les brûlent vifs, a averti mardi le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk.

Rien qu’au mois d’avril, plus de 600 personnes ont été tuées dans la violence dans la capitale du pays, selon les informations recueillies par le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH). Cela fait suite au meurtre d’au moins 846 personnes au cours des trois premiers mois de 2023.

Le BINUH a déclaré que dans l’ensemble, le nombre de victimes de meurtres, de blessures et d’enlèvements augmenté de 28 % au premier trimestre de l’année, avec un total de 1 634 cas signalés.

Montée du vigilantisme

Les meurtres collectifs et les lynchages de membres présumés de gangs sont également en augmentation, car «les justiciers se font justice eux-mêmes», le bureau des droits de l’homme de l’ONU (HCDH) a dit. Au moins 164 meurtres de ce type ont été documentés en avril.

Le dernier rapport depuis HCDH et le BINUH pointe l’émergence de groupes d’autodéfense, « suite aux appels de certaines personnalités politiques et journalistes aux citoyens pour qu’ils forment des organisations d’autodéfense pour lutter contre la violence des gangs ».

Commentant les conclusions, le chef des droits de l’ONU a souligné que le vigilantisme ne fera qu' »alimenter la spirale de la violence ».

Violence extrême

Le rapport note que les gangs utilisent des tireurs d’élite sur les toits pour « tirer sans discernement sur les personnes effectuant leurs activités quotidiennes ». Dans certains cas, des membres de gangs ont fait irruption dans les quartiers lors d’une tuerie, « ont brûlé vifs des gens dans des véhicules de transport en commun » et exécuté « toute personne perçue comme opposée au gang ».

Le rapport documente également le recours à la violence sexuelle, y compris le viol collectif, « pour terroriser et infliger des souffrances » aux populations sous le contrôle de gangs rivaux.

Selon une organisation locale de défense des droits humains citée dans le rapport, au moins 652 femmes et filles ont été «soumis à des viols individuels et collectifs dans les zones contrôlées par les gangs au cours de l’année écoulée ».

Causes profondes d’une « urgence des droits de l’homme »

Le chef des droits de l’ONU a souligné que la pauvreté et le manque de services de base étaient parmi les causes profondes de la mainmise des gangs sur le pays.

Plus tôt cette année, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) avait averti que la moitié de la population d’Haïti, soit quelques 4,9 millions de personnes, avaient du mal à accéder à la nourriture.

« Le gouvernement, avec le soutien de la communauté internationale, doit faire tout son possible pour respecter son obligation de fournir aux populations un accès régulier et sans entrave à l’eau potable, à la nourriture, à la santé et au logement », a déclaré M. Türk.

Il a déclaré qu’une « réponse vigoureuse » était nécessaire à ce qu’il a qualifié d' »urgence des droits de l’homme ».

« Action internationale coordonnée » requise

M. Türk a réitéré son appel à la communauté internationale pour «déployer une force de soutien limitée dans le temps, spécialisée et respectueuse des droits de l’hommeavec un plan d’action global pour aider les institutions d’Haïti ».

Le mois dernier, le pays était à l’ordre du jour de la Conseil des droits de l’hommequi adopté une résolution appelant à la nomination d’un expert indépendant en matière de droits sur Haïti.

Parrainée par Haïti elle-même, la résolution appelait à « une action internationale coordonnée et ciblée ».

En accord avec le résolutionles fonctions du nouvel expert indépendant sur les droits de l’homme en Haïti, William O’Neill, consistent à se concentrer sur la situation des enfants et de la traite des êtres humains et à fournir des conseils et une assistance technique au gouvernement haïtien, aux institutions nationales des droits de l’homme et aux organisations de la société civile pour aider à promouvoir et à protéger les droits de l’homme.

Des experts indépendants des droits nommés par le responsable des droits des Nations Unies conformément à Conseil des droits de l’homme résolutions ne font pas partie du personnel de l’ONU et ne sont pas rémunérés pour leur travail.

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